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Du bac acier, oui Madame !

MOA : Commune de Berville (76)
Rénovation et extension du groupe scolaire
Surface de plancher : 420 m²
Montant des travaux : 614 704 euros hors taxes
Livraison : juillet 2018

Extension et rénovation du groupe scolaire de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue de la galerie-préau en bois.
Extension et rénovation de l'école de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue sur le clos-masure depuis la galerie-préau en bois.
Extension et rénovation de l'école de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue de la galerie-préau en bois depuis la cour.
Extension et rénovation du groupe scolaire de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue de la galerie-préau en bois depuis la cour.
Extension et rénovation de l'école de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vues des façades bois et bac-acier.
Extension et rénovation du groupe scolaire de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue du préau et de ses jeux d'ombre au sol.
Extension et rénovation de l'école de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue du préau, des façades bois et bac-acier, et de ses jeux d'ombres au sol.
Extension et rénovation de l'école de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue de la salle de classe rénovée.
Extension et rénovation du groupe scolaire de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue de la salle de motricité devenant dortoir.
Extension et rénovation du groupe scolaire de Berville, par Atelier Cosme Architecture. Vue d'ensemble, avec la construction neuve adossée à la mairie.

Le groupe scolaire de Berville est au centre du village. Il faut dépasser l’ancienne maison de maître de briques et de silex, devenue mairie, pour accéder à l’école par sa cour.  On est alors au cœur d’un clos-masure, cette unité agricole du Pays-de-Caux, reconnue pour ses qualités paysagères, patrimoniales et environnementales, mais demeurant menacée. L’été, les veaux investissent le pré clôturé par le talus planté de grands hêtres.

Partage et réflexion collective

Un an de réflexion en amont avec les élus, qui, administrant une commune de  moins de mille habitants, endossent rarement le rôle du maître d’ouvrage. Mais l’envie de faire bien et intelligemment est là, et ils savent être à l’écoute. On s’interroge sur l’image du service public, sur le confort du groupe scolaire, sur le budget à respecter. La confiance s’installe, les échanges aussi. Nous organisons des séances de projections, de longs et riches débats qui se font l’écho d’une déconsidération grandissante de l’environnement agricole : il est temps de rendre à ce monde ses lettres de noblesse.

Nous sommes là dans une ancienne ferme, et il va s’agir de ne pas dénaturer ce fait, en valorisant une figure architecturale trop souvent déconsidérée : l’appentis.

D’un point de vue patrimonial, l’appentis raconte l’histoire du lieu, l’évolution des pratiques agricoles, la construction du bâti par les paysans qui se sont succédés. Imaginer l’école selon cette figure c’est reconnaître le patrimoine agricole et rural, son architecture franche et économe telle qu’elle a été, mais aussi telle qu’elle est aujourd’hui, sans regard préférentiel pour une époque ou une autre ; c’est d’autre part créer un vocabulaire architectural commun entre le monde des enfants et le monde des paysans, deux sphères qui s’ignorent depuis plusieurs générations alors qu’elles vont avoir à œuvrer communément pour imaginer un devenir soutenable ; enfin l’appentis est par définition adossé à un bâtiment principal : ici le groupe scolaire prend appui sur la mairie, le sens constructif rappelant le sens du service public.

La distribution des espaces, l’implantation du bâtiment neuf et les choix d’ouvertures convergent vers une finalité commune : que l’école regarde le pré, la ligne d’horizon et son rideau d’arbres. Les matériaux appartiennent à la famille des matériaux utilisés dans le monde agricole normand : le bois, le bac acier. Ils sont aussi une réponse au budget très contraint de l’opération.

La charpente traditionnelle en bois et la couverture  en bac acier à petites ondes débordent largement sur la façade Sud. Elles sont portées par des poteaux bois pour créer une longue galerie qui ponctuellement devient préau. Les porteurs sont moisés et posés sur une pièce d’acier créant une structure allégée, élancée, laissant passer la lumière et proposant des ombres riches au sol. La galerie-préau conduit ainsi les enfants dans les classes à l’abri de la pluie et les protège l’été de l’ensoleillement. La couleur jaune de sa sous-face se poursuit sur les plafonds des circulations intérieures, générant un continuum visuel.

A l’intérieur, les salles de classes sont largement ouvertes sur le pré, de même que les circulations. Le dortoir, également salle de motricité, est plus en retrait, ouvert à l’Est, au calme.

L’école regarde le pré

et sa ligne d’horizon

rythmée par le talus planté de grands hêtres.

Le nom est tout trouvé,

ce sera l’école des prés verts.

« La cour de ferme, enfermée par les arbres semblait dormir. L’herbe haute était d’un vert puissant. L’ombre des pommiers se ramassait en rond à leurs pieds […] par-dessus le talus, on apercevait la campagne, une vaste plaine où poussaient les récoltes avec des bouquets d’arbres par endroits. »

Histoire d’une fille de ferme, Guy de Maupassant, 1881.